Tout le monde a son idée, ou son expérience de ce fameux « faux » mouvement : cette situation anodine durant laquelle le corps réagit et « se défend » douloureusement. Nous allons tenter d’en comprendre un peu plus sur la réalité neurophysiologique de tout ça.
Ce « faux » mouvement est en réalité bien souvent un mouvement tout à fait banal, qui pour des raisons bien plus étendues que la simple composante mécanique, va enclencher une réponse rapide et douloureuse du système neuro-musculaire dans le but de limiter ou stopper ce mouvement.
Rembobinons un peu…
A.T STILL – fondateur de l’ostéopathie – disait « la vie, c’est le mouvement ». Nos corps sont faits pour bouger. La sécurité sociale s’est d’ailleurs récemment emparée du sujet .
Pour en savoir plus…» L’activité physique permet de faire bouger le dos en étirant et en renforçant les muscles, en mobilisant les articulations et empêche le mal de dos de s’installer. Elle permet aussi d’améliorer sa condition physique générale et prévient les lombalgies récidivantes ou chroniques. «
Alors que se passe-t-il quand ce mouvement devient « FAUX » ?
Nos corps ne savent faire que ce que l’on leurs apprend à faire.
Le bébé va franchir les étapes du développement psycho-moteur les unes après les autres enchaînant du retournement, au rampement, au quatre pattes, à la position debout en appui avec enchaînements de squats, il va ensuite expérimenter de lâcher prise, de tomber avant d’enfin parvenir à l’équilibre, puis à stabiliser son déséquilibre dans la marche. Toutes ces étapes sont un conditionnement neurophysiologique vers la marche.
Notre corps d’adulte est conditionné selon nos habitudes de vie (travail, sport ou non, hygiène de vie…).
Prenons un exemple :
Si ce que mon corps connaît c’est la position assise (au bureau, dans le canapé, la voiture…) avec une position du dos, des hanches, des genoux en flexion et ce pendant 8h/jour, 5 jours dans la semaine ; lorsque je le sollicite dans des mouvements ou positions maintenues vers l’extension (debout, marche, course, lever les bras, redresser la tête…) je sors de la zone de confort mécanique du corps.
Lorsque je sors de cette zone de confort mécanique, mon système nerveux va augmenter sa vigilance, sa capacité de réaction, d’un niveau. Par ce mécanisme, ma vulnérabilité augmente.
Physiologiquement, les systèmes de la douleur sont des détecteurs de menace(s).
Il y a des éléments qui rassurent le système, des moins : les marqueurs de sécurités ou SIMs (Safety in me).
Et d’autres qui augmentent la vigilance, le niveau de danger au sein du système, les plus ou DIMs (Danger in me).
Il existe une discussion permanente au sein du système nerveux pour évaluer les DIMs (Danger in me) et les SIMs (Safety in me). Sur le visuel ci-contre issu des travaux de Lorimer Moseley et David Butler, ils ont représenté un « Protectomètre », comme s’il y avait un thermomètre du danger dans le système nerveux.
le « Faux » mouvement va intervenir au moment où mon système nerveux va évaluer (pour des raisons liées à mon contexte mécanique, mental, chimique) que ce mouvement devient trop menaçant (DIMs+++) et qu’il faut limiter cette action. Cette activation du système va entraîner une contraction brutale des muscles concernés, associée à une sensation douloureuse invitant la personne a stopper net son action, son mouvement.
Nous parlons bien de conditionnement, et de contexte général.
En effet, ces « faux » mouvements sont pour la plupart des gestes de la vie quotidienne. Je raconte souvent des cas de patient(e)s s’étant « figé(e)s » en se brossant les dents, en attachant un soutien-gorge, en se coiffant ; autant de gestes réalisés de nombreuses fois heureusement sans attirer la vigilance de notre système nerveux.
Notre contexte, tous les DIMs(fatigue, stress, dépression, difficultés au travail, à la maison…) va définir les niveaux de vigilance du système nerveux (nous parlons surtout des choses négatives, quand les DIMs sont en majorité, car en général quand ça va bien (majorité de SIMs), bah ça va bien).
Que faire alors ? Comment limiter ma vulnérabilité ?
Comme évoqué ci-dessus, pour rassurer notre système nerveux (Activer les SIMs) et en limiter l’excès de vigilance (DIMs), il est important de moduler notre contexte général :
En pratique, faire des choses variées qui me font du bien, dans lesquelles je me sens bien, agir sur les choses négatives de ma vie et si je n’ai pas de prise dessus, alors je trouve des échappatoires pour à défaut de supprimer définitivement cette influence DIM, je la neutralise, même temporairement (respiration, activités auto-centrées, méditations…)
- Mécanique :
- Activités régulières et variées
- Explorer toutes les mobilités (accroupissement et ses bienfaits, debout, assis, flexion/extension…)
- Souplesse, tonicité, force
- Chimique :
- Alimentation (ce que je mange, comment je mange)
- Toxiques (alcool, drogues, tabac, médicaments…)
- Hormones (menstruation, ménopause)
- Mental/psychique :
- Gestion des émotions
- Croyances et apprentissages
- Stress et difficultés
- Moi et moi-même/les autres…
- Passé/futur
Il est important de se familiariser avec tout cela notamment pour éviter la chronicisation des troubles. Il est parfaitement humain et courant d’être vulnérable à un moment donné dans sa vie. La vie est par définition faite de hauts et de bas, l’objet de tout cet article est d’apporter des éléments pour faciliter la gestion des bas, pour se rassurer et se rabibocher avec la douleur et nos corps parfois capricieux.
Une image valant mieux que mille mots, nous comprenons ici l’importance d’entretenir une activité régulière pour éviter le déconditionnement du corps dans sa capacité à faire. Chaque marqueur SIM va aider à casser ce cercle, chaque DIM le renforce.